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Tribune libre dans le journal "Le Monde": La mort est en dan


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3 replies to this topic

#1 didierc

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Posted 02 January 2009 - 11:08 AM


Encore un article intéressant envisageant "la mort de la mort". Cette fois, il s'agit d'une tribune libre du Monde du 1er novembre 2008 écrite par le professeur de philosophie (controversé) Robert Redeker. Source: http://www.lemonde.f...23f6397f87d87ad (probablement inaccessible aux non-abonnés).

L'auteur se prononce contre la fin du vieillissement mais brise quend même le tabou de l'impensable. Réactions bienvenues.

La mort est en danger de mort

La Toussaint est le dernier avatar d'un culte des défunts dont chacun sait qu'il est signe d'humanité

Il n'est pas dit que nos arrière-petits-neveux prendront, comme nous, le chemin du cimetière à chaque Toussaint. L'évolution des biotechnologies pourrait mettre la mort en danger. Très bientôt l'espérance de vie aura doublé par rapport à ce qu'elle était au début du XXe siècle. La possibilité d'une existence humaine indéfiniment prolongée se dessine à l'horizon. En s'appuyant sur les promesses des cellules souches, sur la régénération, sur la cryonie et sur les transplantations d'organes, certains envisagent même, à terme, la mort de la mort. Faut-il s'en réjouir ?

Dans quel monde vivons-nous ? Celui des crèmes anti-âge, du Viagra, des pilules minceurs pour femmes ménopausées, des cosmétiques pour hommes grisonnants ! Celui où le rayon yaourts des supermarchés ressemble à une pharmacie ? Celui de l'espérance de vie ne cessant de s'étirer ? Celui d'une extraordinaire nouveauté : l'enfant contemporain, comme l'observe le sociologue Paul Yonnet, est élevé comme un immortel, dans l'ignorance de la mortalité. Ces symptômes sociaux traduisent l'emprise croissante d'une bio-utopie : celle de la vie n'évoluant ni vers le vieillissement ni vers la mort. L'homme contemporain a perdu un peu de son âme en n'affrontant plus la mort. Son esprit est déjà celui du temps où la mort n'existera plus.

La régénération, qui commence avec les cosmétiques, mais dont l'aboutissement s'accomplit dans l'effacement de la mort, est l'ennemie de la génération, de la jeunesse du monde. Nietzsche craignait de voir se multiplier des « générations d'enfants aux cheveux gris ». C'est l'inverse, tout aussi effrayant, qui se produit, dessinant les linéaments de notre futur : des générations de vieillards à visages et corps juvéniles.

La vieillesse est ainsi en train de phagocyter la jeunesse. Combien de femmes quinquas redeviennent des poupées Barbie ? Combien de grands-pères travaillent leur apparence pour conserver un look de trentenaires ? Pourtant, si la bio-utopie immortaliste se réalise, le résultat sera bien plus radical : la vieillesse aura fait disparaître la jeunesse. Le signe distinctif de la jeunesse : l'avenir. Le signe distinctif de la vieillesse : le passé. Or la particularité des vieillards aux visages juvéniles qui peupleront la Terre une fois que la mort aura disparu s'exprimera ainsi : n'avoir ni passé (du fait de la régénération) ni avenir (du fait de la disparition de la mort).

FANATISME SANITARISTE

Un humain ignorant de la mort, est-ce encore un homme ? Il ne connaîtra pas le temps. Sans le surplomb de la mort, l'avancée de la rouille, la morsure de la précarité de l'existence, le temps n'est plus sensible, il n'est plus que chiffre. Or, comme la sensation du temps qui passe fabrique l'étoffe de notre vie intérieure, l'humain ignorant de la mort court le risque de n'être qu'une machine vivante sans âme, désanimée. La philosophie nous l'enseigne : l'homme est l'être-pour-la-mort, le vivant tire son être de son rapport à la mort.

La fin de la mort entraîne une conséquence politique, déjà à l'oeuvre : la biologisation de la vie collective par l'évaporation des frontières entre vie sociale et vie biologique. Pourquoi ? Parce que la vie, dans sa dimension purement zoologique, sera devenue plus que la seule valeur : le seul absolu. La vie aura vidé le ciel de toutes les valeurs exigeant le sacrifice de l'existence : la patrie, l'idéal politique, autrui, la justice, le Bien.

Le fanatisme sanitariste (chasse au tabac, aux aliments gras, à l'obésité, à l'alcool, etc.) qui secoue la société actuelle exprime l'effacement de cette frontière. Il exprime aussi la montée en puissance de la vie au détriment de tout ce qui vaut. Si cette tendance venait à envahir tout l'espace public, le but de l'existence collective se réduirait à un programme des plus vides : améliorer, perfectionner, et prolonger la vie. La politique se limiterait à gérer la vie biologique (la santé) des individus.

Le recueillement de la Toussaint - dernier avatar de ce culte des morts dont chacun sait qu'il est signe d'humanité - nous rappelle que pour rester des hommes nous devons protéger la mort autant que la vie, assumer le défi de notre mortalité. La disparition de la mort serait en effet la vraie mort de l'homme.

Robert Redeker


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#2 NoDoubt

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Posted 03 January 2009 - 05:18 AM

C'est pour moi un très bon signe.
La multiplication de ces articles, souvent hostiles, mais reconnaissant la possibilité de la fin du vieillissement dans des journaux du niveau du Monde est pour moi un très bon signe.

Aubrey de Grey a cité il y a quelques temps Gandhi.
(Citation approximative de ma part)
"D'abord, ils vous ignorent. Ensuite, ils rient de vous. Puis, ils vous combattent. Puis, vous gagnez"
Suite à la violence des attaques dont il a été l'objet, il en a déduit que la lutte anti-vieillissement était arrivée au stade 3.

Ces articles en sont la confirmation.

#3 .fonclea.

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Posted 03 January 2009 - 06:24 PM

Je trouve que l'extension de la vie est trop souvent vue sous un angle extrême: je ne veux pas vivre éternellement, je veux juste vivre plus longtemps en bonne santé.

Le botox ce n’est pas pour moi et les rides ne me font pas peurs, on peut vouloir se plaire physiquement sans tomber dans le cliché de la retraité californienne avec ses seins en plastique et son Botox.

L'extension de la vie passe pour quelque chose de superficiel, superflu comme si tous les protagonistes étaient atteints de jeunisme... c'est aussi un aspect sur lequel on devrait travailler, non ?

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#4 didierc

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Posted 05 January 2009 - 12:10 AM

La citation de No Doubt est parfaite, la voici en anglais: First they ignore you, then they laugh at you, then they fight you, then you win. L'origine de la citation est cependant incertaine selon Wikiquote.

Je trouve que l'extension de la vie est trop souvent vue sous un angle extrême: je ne veux pas vivre éternellement, je veux juste vivre plus longtemps en bonne santé.


Voici pour moi, une des questions fondamentales avec de nombreux aspects. Je vais en aborder quelques uns ici:

= Aspects d'opportunité médiatique: faut-il attirer l'attention des citoyens (et d'abord des journalistes) avec quelque chose de spectaculaire, mais risquant de faire pas sérieux (immortalité biologique) ou avec quelque chose de sérieux, mais moins spectaculaire donc moins attirant (vivre plus de 120 ans)?

= Aspect philosophique: souhaitons-nous vivre beaucoup plus longtemps ou souhaitons-nous à terme éviter toute mort de vieillesse?

= Aspect pratique: devons-nous nous concentrer sur ce qui permet d'allonger la vie actuellement (restriction calorique, luttes contre les maladies cardio-vasculaires,...) ou sur ce qui pourrait permettre de la rendre beaucoup plus longue après-demain (cellules souches, maîtrise des causes de vieillissement décrites par Aubrey de Grey, nanotechnologies, copie du cerveau,...)?

Pour moi, dans tous ces cas, il faut de toutes façons savoir que les deux sont possibles dans des échelles de temps et d'efforts différents.

Vivre plus longtemps est déjà possible aujourd'hui et deviendra possible de plus en plus longtemps durant les années à venir (sauf catastrophe politique, économique ou naturelle).

Vivre sans vieillissement et donc sans limite biologique deviendra possible dans plusieurs décennies (toujours sauf catastrophe politique, économique ou naturelle). Mais "plusieurs décennies" peut signifier deux ou trois décennies si la recherche devient une priorité scientifique et que les avancées technologiques sont rapides mais cela peut aussi durer dix ou vingt décennies, donc un ou deux siècles si les progrès sont lents et/ou les circonstances défavorables.

Evidemment, si les progrès sont rapides, les deux échelles de temps pourront concerner une part importante de ceux qui vivent aujourd'hui.

Pour ceux qui souhaitent seulement vivre plus longtemps, mais pas vivre toujours, le jour où l'absence de vieillissement sera possible, il devrait être aussi possible de choisir de continuer à vieillir. Tout comme aujourd'hui, il est autorisé de fumer ou de trop manger malgré les conséquences de santé.

Il est cependant imaginable qu'à très long terme, la pression sociale pousse à ne plus vieillir du tout. Un peu comme aujourd'hui, il est obligatoire de mettre sa ceinture de sécurité en voiture alors que la ceinture ne concerne (en général) que la protection de sa propre santé.

Répliques bienvenues.




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